Jérôme Savonarole (1452 – 1498)
Issu de la Florence du quattrocento, ce moine dominicain se pose en réformateur d’une époque qu’il considère comme licencieuse et débauchée.
En effet, l’annonce de l’élection d’Alexandre VI issu de la famille Borgia – tristement connue pour sa débauche et sa vénalité – est vécue comme une provocation par certains chrétiens. Pour illustrer la réputation de la famille Borgia, il suffit de se souvenir que César Borgia, fils illégitime d’Alexandre VI, inspire Nicolas Machiavel pour la rédaction de son ouvrage Le prince publié en 1532.
Parmi les multiples contestations du pouvoir chrétien pré-Réforme, Jérôme Savonarole prend la suite – notamment – des mouvements cathare et hussite pour dénoncer les travers d’un clergé égaré dans sa mission pastorale de guide des chrétiens. Le tableau est donc le suivant : moine dominicain prophète contre pape vénal. L’affrontement idéologique regroupe déjà les thèmes qui poussent Martin Luther à publier le 31 octobre 1517 ses 95 thèses aboutissant à la réforme protestante.
En plein conflit entre le royaume de France et les différentes cités italiennes, Florence tombe et est placée – sur autorisation du roi de France – sous l’autorité de Savonarole en 1494. Son programme est explicite : purifier la ville de ses excès, expurger la philosophie et limiter l’art à sa dimension religieuse.
En 1497, la tension entre le pouvoir pontifical et le dominicain débouche sur l’excommunication (l’exclusion) de ce dernier. Le pape menace Florence d’interdit – la privation des biens spirituels comme les sacrements du mariage – en 1498, cela achève de fragiliser la position de Savonarole.
Livré à l’inquisition, le procès du révolté s’ouvre le 19 mai et, à force de tortures, il avoue que ses prophéties sont fausses et qu’il est un hérétique. Après seulement 4 jours de procès, il est condamné à la pendaison, à la crémation et ses cendres sont jetées dans un fleuve afin d’éviter que les restes de Savonarole ne deviennent des reliques.
Véritable tempête de religiosité au milieu d’une Italie où la foi chrétienne se plait à la lecture des penseurs grecs et à la production d’œuvres artistiques inspirées de l’antiquité, Savonarole demeure une figure dont l’influence demeure sujet à débat.
Certains voient en lui un visionnaire précédent Luther tandis que d’autres réduisent son rôle à celui d’un prêcheur charismatique mais dont la pensée s’inscrit davantage dans le 12ème siècle – celui de Bernard de Clairvaux et des croisades – qu’au 15ème siècle.
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