Pierre Abélard (1079-1142)

Né durant le Moyen-Âge central (987 à 1328), Pierre Abélard est un moine, philosophe, musicien dont la postérité nous est parvenue de maintes manières.

D’une part, il forme avec Héloïse le modèle de l’amour courtois par excellence, c’est-à-dire une façon d’aimer avec courtoisie, respect et honnêteté dans le but commun d’atteindre la joie et le bonheur. Leur correspondance demeure un chef d’œuvre du XIIIe siècle en la matière.

D’autre part, il est professeur de logique, de dialectique et de théologie, philosophe et partisan du mouvement Goliard installé à Paris. Sa réflexion s’inscrit, notamment, dans la querelle des universaux opposant les réalistes, les nominalistes et les conceptualistes.

Trois grandes théories s’affrontent donc, selon que l’on place l’universel ante rem (« avant la chose », antérieurement à la pluralité des êtres, donc existant par soi-même : Platon et les Idées, le réalisme des universaux), ou in re (« dans la chose », dans la pluralité des êtres : Aristote et la forme immanente, le conceptualisme dont Abélard est partisan) ou enfin post rem (« après la chose », postérieurement à la pluralité, donc dans l’esprit : les stoïciens et les concepts logiques, le nominalisme). Ces positions doctrinales lui valent les foudres de rivaux et plusieurs de ses thèses sont condamnées comme hérétiques.

L’épisode le plus horrifiant de sa vie se déroule à la suite d’une méprise autour de sa liaison avec Héloïse, devenue sa femme. En effet, l’oncle d’Héloïse, Fulbert, se méprend et pense qu’Abélard envisage de répudier son épouse. Convaincu de la traîtrise du penseur, Fulbert envoie deux hommes de main qui s’emparent du malheureux avant de le castrer sans autre forme de procès.

Cet acte barbare choque énormément au sein du royaume car la victime n’est autre que l’un des esprits les plus brillants de son temps. Condamnés selon la loi du talion, les criminels sont castrés mais aussi énucléés en punition de leurs actes.

Abélard se retire dans l’abbaye de Saint-Denis tandis qu’Héloïse devient abbesse à Argenteuil.

Qu’il s’agisse du penseur ou de l’amoureux, la figure d’Abélard, véritable lumière de son siècle, demeure parmi les incontournables de la culture française.

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