Louis XI (1423 – 1483)
Le règne de Louis XI intéresse les historiens depuis le XVIème siècle à cause de la personnalité surprenante du monarque. Il est vu comme un tyran par les uns, comme le vainqueur opiniâtre de l’adversité et le constructeur de l’état monarchique au lendemain de la guerre de cent ans par les autres.
Fils du roi Charles VII, Louis a reçu une éducation suffisante lui permettant de maîtriser le latin ; il sait en outre l’italien ; il est réputé éloquent, cultivé, très curieux d’histoire. En totale contradiction avec un quelconque idéal chevaleresque, il médite longuement ses offensives et interventions en recourant à l’argent, la ruse, voire à la fourberie.
Le roi ne cherche pas à se mettre systématiquement en majesté, en dehors de situations où il veut marquer son autorité ; beaucoup remarquent la simplicité de sa tenue (grossier costume de drap gris), voire s’en indignent. A titre d’exemple, lors du banquet de sacre, il dépose négligemment la couronne sur un coin de table. De manière générale, il délaisse les cérémonies et tend vers un ascétisme teinté d’une grande superstition.
Manquant d’être renversé à l’occasion de la guerre du Bien Public dès le début de son règne, Louis XI décide de manœuvrer subtilement en divisant les princes qui ont tentés de le mettre à bas sous prétexte de soutenir les prétentions de l’autre fils du roi, Charles. La mort de ce dernier et la naissance d’un héritier viable en 1470 permettent de consolider un pouvoir toujours fragile.
Libéré du joug anglais par Charles VII, la royauté française doit affermir son pouvoir contre le duché de Bretagne et, surtout, la Bourgogne de Charles le Téméraire. Multipliant les conspirations, les intrigues et favorisant la tension entre les deux ennemis mortels de la couronne, Louis XI parvient à conclure une alliance avec le duc de Bretagne, finalise sa stratégie d’encerclement des états bourguignons en se liant avec les Suisses, fait obstacle à tout soutien financier des Médicis au bénéfice de Charles le Téméraire et verse une importante somme aux anglais pour qu’ils ne portent pas assistance aux bourguignons.
Avec une grande habileté, sans s’être jamais lui-même militairement engagé, le roi a poussé Charles le Téméraire dans une guerre avec les suisses qui lui coûte la vie. ainsi, l’Aragne – tel est le surnom de Louis XI – recueille le fruit de sa politique en faisant immédiatement main basse sur la partie méridionale des Etats bourguignons. Le reste tombant sous le contrôle des Habsbourg.
Souvent vilipendé voire oublié, Louis XI est responsable d’un formidable accroissement de la puissance royale, d’abord du simple point de vue territorial avec le rattachement à la couronne de grands fiefs, ensuite du point de vue matériel, avec une forte augmentation des moyens militaires et financiers, enfin du point de vue politique avec la soumission quasi générale des princes.
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