L’époque hellénistique (323 à 33 avant notre ère)

Les conquêtes d’Alexandre le grand unifient un vaste territoire allant de la Grèce à l’Indus en passant par l’Egypte des pharaons. En seulement une dizaine d’années, le fils de Philippe II de Macédoine et de l’énergique Olympias parvient à soumettre les cités grecques et vaincre l’empire séculaire des Achéménides dont il reprend l’administration et les structures.

Rapidement, Alexandre se trouve à la tête du plus grand empire irano-méditerranéen alors jamais vu. Il bâtit quantité de nouvelles cités qui portent toutes, peu ou prou, le nom d’Alexandrie et se fait le champion de la culture hellénistique. Eduqué par Aristote, abreuvé d’exploits Homériques issus de l’Illiade qu’il parcourt quotidiennement et disposant d’une armée de qualité, il peut efficacement assurer la direction de son empire.

Hélas, épuisé par un train de vie éreintant alternant entre festivités et vie guerrière, il meurt en 323 avant notre ère avant d’avoir pu entamer la conquête de l’Arabie. Il est vraisemblablement emporté soit par le paludisme soit par la fièvre du Nil occidental. Quelle succession pour ce souverain sans héritier légitime ? Selon l’historien grec Diodore, lorsque Alexandre est interrogé en ces mots : « À qui entends-tu léguer l’Empire ? », il donne cette réponse : « Au plus fort ». Légendaire ou réelle, cette réponse annonce la fragmentation inévitable du jeune empire entre les différents généraux et compagnons du Macédonien : les diadoques.

Malgré des tentatives de régence en attendant un hypothétique fils d’Alexandre (sa compagne était enceinte lors du trépas du conquérant), la situation dégénère et neuf généraux d’Alexandre sont prêts à en découdre pour lui succéder. Rapidement, en 311 avant notre ère, il n’en reste plus que cinq : Cassandre en Macédoine, Lysimaque en Thrace, Antigone en Asie Mineure et en Syrie, Séleucos en Babylonie et en Perse ainsi que Ptolémée en Égypte.

Cette guerre des Diadoques perdure jusqu’en 281 avant notre ère et voit se succéder des alliances, des trahisons et des conflits conduisant à la mort de Lysimaque et d’Antigone. La Macédoine, la Grèce et Pergame reviennent à l’organisation administrative de la cité-état tandis que Séleucos et Ptolémée établissent des structures durables qui survivent réciproquement 200 et 300 années jusqu’aux conquêtes romaines.

Le royaume d’Egypte mené par la dynastie Lagide est fondé par Ptolémée. Il donne naissance à la 33ème dynastie pharaonique car elle fait suite à celle d’Alexandre ayant été reconnu pharaon et étant l’unique représentant de la 32ème dynastie. Malgré les querelles internes, la dynastie Lagide contribue au rayonnement de l’Égypte durant l’époque hellénistique en participant à une synthèse entre la culture grecque et le monde égyptien traditionnel. En témoignent la naissance du culte syncrétique de Sarapis, le renouveau des divinités égyptiennes et l’édification de monuments tels que le phare d’Alexandrie.

L’empire Séleucide, contrairement à la centralisation égyptienne, maintient un modèle politique impérial en s’appuyant sur les élites locales, en honorant les divinités indigènes et s’organise sur une étendue géographique colossale allant de la méditerranée jusqu’à l’actuelle Afghanistan.

Alexandre III dit le Grand et ses diadoques sont donc les acteurs de la diffusion du modèle hellénistique dans toutes ses composantes. L’œuvre militaire, politique, économique et culturelle est immense. Ces trois siècles voient des brassages ethniques, linguistiques ainsi que des syncrétismes religieux sans précédent. Cette évolution des mentalités, cette rencontre de deux mondes historiquement antagonistes répond en partie au souhait d’Alexandre de dépasser l’opposition traditionnelle entre Grecs et Barbares et d’unifier l’entièreté du monde connu.

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Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C.par Edouard Will 
Atlas du monde hellénistique (336-31 av. J.-C.) : pouvoir et territoires après Alexandre le Grand par Laurianne Martinez-Sève
Le monde hellénistique [en 2 tomes] par Claire Préaux