Les croisades (1095 – 1291)
Lancées en 1095 par le pape Urbain II à l’occasion d’un sermon prononcé à Clermont, les croisades ont conduit à une opposition frontale entre Occident et Orient.
Deux séries de causes sous-jacentes peuvent être distinguées pour analyser ce mouvement belliqueux et religieux. D’une part, des causes indirectes relèvent de la rencontre entre la tradition des pèlerinages et la systématisation croissante du concept de « guerre juste » justifié par Saint Augustin et forgé depuis le IXe siècle autour de luttes contre les Sarrasins, notamment en Espagne ou en Italie. D’autre part, des causes directes et contingentes du XIe siècle s’ajoutent à cette rencontre de la foi et de l’épée. Elles comprennent notamment l’état d’esprit millénariste – le millénaire de la mort de Jésus-Christ pousse les chrétiens vers Jérusalem, cœur géographique de leur foi –, la hausse de la démographie européenne, le manque de terres exploitables ainsi que la reprise du contact entre Orient et Occident avec, au centre, l’Empire byzantin.
Les croisades prennent place, pour l’essentiel, au sein de la zone géographique alors connue sous le terme de Levant, notre Proche-Orient actuel. Cette zone réunit les États modernes du Liban, de la Syrie, d’Israël, de la Palestine, de la Jordanie, du sud-est de la Turquie, de la Mésopotamie et de l’Égypte.
Trois ensembles, peu homogènes certes, se distinguent lors de ces deux siècles de conflit pour la possession du Levant : les Occidentaux galvanisés par le pape, les Byzantins menés par leur empereur et les Sarrasins divisés en de nombreux États.
Parmi les huit croisades (neuf si l’on inclut la croisade des enfants de 1212), seules la première (militairement) et la sixième (diplomatiquement) atteignent l’objectif initial, à savoir la reconquête de la Terre Sainte aux traditions chrétiennes. Alternant entre actions militaires organisées et mouvements spontanés de civils, les croisades ont donné naissance aux États latins d’Orient qui disparaissent en 1291 avec la chute d’Acre mais ne permettent pas de reprendre durablement le Levant aux armées musulmanes.
À court terme, les croisades atténuent les désordres qui règnent entre chrétiens, mais favorisent en revanche l’antisémitisme. À moyen terme, elles participent – indirectement – au renforcement des pouvoirs monarchiques et pontifical occidentaux. À long terme, outre leur échec final à conserver la Terre Sainte, elles accentuent en Orient la rupture entre chrétiens et musulmans, entraînent dans cette méfiance les chrétiens des pays arabes et surtout creusent le fossé entre latins et orthodoxes.
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