Catherine II de Russie (1729-1796)

Née Sophie Augusta Frédérique d’Anhalt-Zerbst, la jeune princesse allemande n’était en rien destinée à devenir l’une de souveraines les plus puissantes du 18ème siècle. Arrivée à 15 ans au sein de sa patrie d’adoption, elle va être mariée à un descendant de Pierre Le Grand – Souverain modernisateur incontournable de la Russie ayant régné entre 1682 et 1725 – connu sous le nom de Pierre III.

Rapidement convertie à l’orthodoxie et rebaptisée Catherine Alexeïevna, elle est l’antithèse de son mari. Tandis qu’elle fait preuve d’un sens politique hors-norme et d’un patriotisme russe sans faille, Pierre III mène une vie dissolue.

Contrairement au trône de France, l’accès à celui de Russie n’est pas verrouillé par des lois séculaires organisant une transition d’une génération de souverain à l’autre. Ce constat, Catherine l’a parfaitement intégré dans sa réflexion lorsque Elisabeth, impératrice Russe issue de la famille Romanov, décède en 1761.

Consciente que Pierre est susceptible de se débarrasser d’une potentielle rivale, quand bien même il s’agirait de son épouse, Catherine prend l’initiative. Quelques mois plus tard, à force d’intrigues et d’alliances, Catherine se fait acclamer comme souveraine à Saint-Pétersbourg puis est sacrée en la cathédrale Notre-Dame de Kazan. Inévitablement, Pierre III est massacré une semaine plus tard par les complices de Catherine.

Une fois impératrice, Catherine entame son règne par un libéralisme qui surprend les esprits européens. Au-delà de son activité de mécénat, de ses liens (à géométrie variable) avec les penseurs des Lumières, son « Instruction », document juridique destiné à réformer le droit Russe, est présenté comme un modèle du genre par les esprits des lumières ou influencés par ces derniers.

Hélas, la grande commission législative qui devait permettre de ratifier cette instruction est un échec qui aboutit à un abandon des travaux juridiques progressistes et, en réaction, à la révolte dite de Pougatchev. Elle est menée par un cosaque révolutionnaire qui a rallié à lui des nomades, des serfs, des peuplades de l’Oural jusqu’à sa capture et son exécution en 1774.

Ces troubles provoquent un tournant dans la gouvernance de Catherine II qui se tourne vers la noblesse au détriment de la classe moyenne et des serfs. Ce virage se manifeste par le désir de contrôler la Russie et prend la forme de l’ordonnance sur les gouvernements d’avril 1775 qui conduit au découpage du territoire en 50 provinces subdivisées en districts menés par des gouverneurs. La vie politique locale est donc confiée à la noblesse.

Militairement, Catherine II est présente sur les fronts occidentaux (face à la Suède) et méridionaux (face aux Turcs) avec des succès qui ne sont pas sans rappeler ceux de Pierre le Grand. A cela, il est nécessaire de rappeler la situation de tension permanente avec les voisins autrichiens et prussiens.

La figure de Catherine II est donc paradoxale. En effet, elle est présentée comme l’archétype d’une despote éclairée – à l’instar de Frédéric II (Prusse) et de Joseph (Autriche) – malgré un règne dont la dimension libérale ira en décroissant d’année en année. C’est la bourgeoisie européenne du XIXe siècle qui a, par souci d’endiguer les aspirations libérales ou démocratiques du peuple russe, diffusée le mythe du « despote éclairé », rempart de l’autorité, de l’ordre et de la raison.

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