De 413 à 327 avant notre ère

Aussi connu sous le nom de Diogène « le Cynique », cet athénien entouré de légendes a marqué la philosophie et sa ville par la radicalité de sa démarche. 

Il est le disciple d’Antisthène, lui-même fondateur de l’école de pensée dite « cynique ». Ce nom vient de la forme du portique en forme de chien (le grec kuôn se traduit par cynique qui signifie chien) sous lequel les échanges des disciples de l’école avaient lieu.

Rejetant tout concept d’organisation de la cité et se considérant comme citoyen du monde (cosmopolite), Diogène est en permanence à l’affût d’une réplique de Platon et d’autres penseurs pour la tourner en ridicule. Ainsi, lorsque Platon énonce que l’homme est un bipède sans corne et sans plume, brandit-il un coq déplumé en s’exclamant : « Voici l’Homme de Platon ! ». Ce dernier, exprimant son opinion sur Diogène, répond de manière cinglante qu’il s’agit de : « Socrate devenu fou. » 

Lorsque Rousseau fait l’apologie de l’état de nature des premiers hommes, ce n’est pas en référence à Diogène mais les deux penseurs partagent une aspiration commune : un retour à la nature primitive de l’Homme. 

En effet, l’ascèse – la discipline personnelle – du Cynique est davantage physique qu’intellectuelle. Il vit dans un tonneau, est peu, voire pas du tout vêtu, et se nourrit des restes qu’il dispute aux chiens. L’enjeu de ce mode de vie est celui d’une liberté matérielle dont le modèle est Héraclès (ou Hercule pour les romains) considéré comme un héros libre de toute entrave. 

Une rencontre illustre le caractère entier du philosophe. Lorsque le jeune Alexandre le Grand, déjà craint des grecs, lui demande s’il pouvait l’aider en quelque chose, Diogène répond : « Oui, ôte-toi de mon soleil. » 

De Diogène, nous n’avons conservé aucun texte mais alors d’où tenons-nous nos sources ? Elles nous sont parvenues par le livre des Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce (180 à 240 de notre ère) car le sixième livre de cet ouvrage est consacré à Antisthène et au cynisme. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il a été écrit plusieurs siècles après la vie des premiers cyniques. 

Se refusant à adopter le mode de vie fastueux d’autres philosophes, Diogène se fait le champion de la pensée cynique par l’observation de la nature et fait de l’animal un modèle positif – un exemple – de vertu pour l’Homme. Selon cette pensée, si nous sommes capables d’adopter cette simplicité quotidienne et de traverser la vie sans nous encombrer de richesses qui nous éloignent des vraies questions alors nous tendrons vers la vertu qui est la seule source de bonheur, de bonne vie. 

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Diogène le cynique par Etienne Helmer

Les cyniques grecs : fragments et témoignages par Léonce Paquet