Herāt – la Florence de l’Orient

« Si quelqu’un te demande quelle est la plus agréable des villes, tu peux lui répondre clairement que c’est Herāt. Car le monde est comme la mer, et la province de Khurāsān [nom médiéval de l’Afghanistan] comme une huître perlière, La ville de Herāt étant comme la perle au milieu de l’huître. » – Rumi (poète persan, 1207-1273).

Déjà importante au 6ème siècle avant notre ère, Herāt était un carrefour commercial stratégiquement situé sur les routes menant de la Méditerranée à l’Inde et à la Chine. Pendant le  le califat abbasside, qui gouverne le monde musulman de 750 à 1258, la ville est principalement connue pour ses textiles. Selon de nombreuses références de géographes, cette fois au 10ème siècle, elle est une ville prospère entourée de murs solides avec de nombreuses sources d’eau, de vastes banlieues, une citadelle intérieure, une mosquée de la congrégation et quatre portes, s’ouvrant chacune sur une place de marché florissante.

Le rôle clé de cette ville pour l’orient débute paradoxalement lors de sa destruction par Gengis Khan, maître de l’armée mongole en 1221. Elle est restée en ruines de 1222 à environ 1236. A cette date, Timur – plus connu en Europe sous le nom de Tamerlan – fait de la ville un lieu incontournable.

Le règne de Timur est marqué par un intérêt renouvelé pour l’art persan classique. Selon Ibn Khaldun (historien arabe majeur du 14ème siècle) ce règne est d’un grand intérêt. Des projets de construction à grande échelle ont été entrepris, créant des mausolées, des madrasas et des kitabhanes – ateliers de livres islamiques médiévaux. Les études mathématiques et astronomiques ont été remises au premier plan.

Sous les Timurides (les descendants de Timur), Herāt assume le rôle de capitale principale d’un empire qui s’étendait de l’Occident jusqu’au centre de la Perse. En tant que lieu central de la vie orientale, elle comptait de nombreux édifices religieux et était célèbre pour sa somptueuse vie de cour, ses performances musicales ainsi que sa tradition de peintures miniatures. Cette période a été relativement stable, prospère et a permis le développement de l’économie et des activités culturelles.

Si nous prêtons attention aux dates, nous constatons que la Renaissance timuride est intervenue concomitamment au mouvement de la Renaissance italienne puis européenne. Cet instant de l’histoire d’Herāt a été décrit comme égal en gloire au Quattrocento italien.

Fondés sur des idéaux persan-islamiques, les symboles de la renaissance timuride entamée à Herāt servent d’inspiration pour la reconstruction du Samarkand. La contribution des souverains timourides à la conception et à la construction des ensembles islamiques a été cruciale pour le développement de l’architecture et des arts de l’islam et a exercé une influence notable dans toute la région, conduisant aux réalisations des Safavides en Perse, des Moghols en Inde et même des Ottomans en Turquie.

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Tamerlan par Arnaud Blin

L’empire des steppes. Attila, Gengis-khan, Tamerlan par René Grousset

The Pearl of Khorasan – A History of Herat par C. P. W. Gammell