Qin Shi Huangdi (259 à 210 avant notre ère)

Né au sein d’un territoire chinois en proie à l’instabilité, celui qui est alors connu sous le nom de Zhèng Ying est l’héritier de la dynastie Qin. Il est à la tête de l’un des royaumes combattants prenant part à d’interminables conflits depuis la chute de la dynastie Zhou (1045 à 256 avant notre ère) dont l’autorité – parfois symbolique – permettait un certain degré de stabilité régionale. De fait, le royaume de Qin se trouve en concurrence avec les royaumes Han, Wei, Zhao, Qi, Yan et Chu.

Situé au sud-ouest de cette mosaïque d’entités, Qin est donc mené par Zhèng qui occupe précocement la tête de sa dynastie (12 ou 13 ans selon les récits). Malgré un intense travail afin d’assurer la régence, le jeune souverain atteint la majorité dans un climat mêlé de complots et d’ingérences souterraines des autres royaumes mais parvient à imposer son autorité.

La vision du pouvoir portée par le futur empereur est celle du légisme, un courant de pensées déjà multiséculaires au 3ème siècle avant notre ère. Cette théorisation du pouvoir s’articule autour de trois axes clés :

– La Loi comme vecteur de cohésion sociale en opposition à la tradition ritualiste confucéenne. La Loi doit être universelle et objective afin d’être appliquée le plus largement possible ;

– Refus de fonder une politique sur la valeur morale supposée des souverains. L’objectif est de se prémunir contre les travers naturels de l’Homme, quel qu’il soit, et le pouvoir est un outil neutre qui doit être manié sous l’égide de la Loi ;

– Intériorisation de la Loi par le peuple passant une répression brutale et une surveillance menées par le corps des fonctionnaires pour aboutir à une terreur interdisant toute violation de la Loi.

Disposant d’une puissance militaire considérable (près d’un million d’Hommes mobilisables), le royaume de Qin mené par Zhèng n’est pas sans rappeler, toute proportion gardée, la Prusse menée par Frédéric II au 18ème siècle (« La Prusse n’est pas un pays qui a une armée, c’est une armée qui a un pays. » Mirabeau, 1786).

Dès l’an 230 avant notre ère, Zhèng dévaste le royaume limitrophe de Han (-230) tout en soudoyant les ministres influents des États rivaux. Ainsi débute les guerres d’unification durant lesquelles le roi de Qin affronte et défait consécutivement les royaumes de Zhao (-228), de Yan (-226), de Wei (-225), de Chu (-223) et de Qi (-221) en mobilisant des armées comptant jusqu’à 600 000 soldats.

Devenu maître de l’entièreté de la Chine, le roi Zhèng Ying devient l’empereur Qin Shi Huangdi. Il entame un règne brutal ponctué de réformes conduisant à l’abolition définitive de la féodalité, à l’exécution de nombreux lettrés et l’organisation d’autodafés d’ouvrages classiques, notamment ceux de Confucius. Il ne tolère pas la moindre opposition à sa politique et unifie le système des poids, celui des mesures, la monnaie, l’écriture, pose les fondations de la grande muraille et ordonne l’édification d’un mausolée colossal à Xi’an dont l’armée en terre cuite est inscrite en 1987 au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.

Son règne en tant qu’empereur est bref (11 ans) mais il lègue à la Chine (dont le nom dérive la traduction de Qin) un système politique en vigueur jusqu’au 20ème siècle.

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