Empire éthiopien (990 – 1974)
Qu’est-ce que l’Ethiopie ? La question peut paraître absurde mais durant l’antiquité le terme « Ethiopie » désigne sans plus de précision l’ensemble de l’Afrique au sud de l’Egypte. Mythologiquement, ce nom signifie visage brulé et vient d’une légende, celle de Phaéton, fils du dieu du Soleil (Hélios) et d’une divinité aquatique (Clymène), qui approcha trop près de l’Afrique lors de sa course divine entre la terre et le ciel. Toujours selon la légende, cela eut pour conséquence de bruler le peuple présent et de transformer leur région en désert. Homère – l’auteur mythique de l’Iliade et de l’Odyssée – les définit comme un peuple sans reproche chez qui les dieux n’hésitent pas à descendre pour festoyer.
Historiquement, cet empire quasi-millénaire est l’héritier du royaume d’Aksoum fondé au 1er siècle avant notre ère. Ce royaume africain fut le premier à adopter le christianisme comme religion officielle, disposait de sa propre monnaie et était considéré comme l’une des grandes puissances de l’époque aux côtés des romains, des perses et des chinois. A l’instar de ses voisins romain et perse, Aksoum était une nation riche mêlant de nombreuses cultures (égyptienne, soudanaise, arabe, indienne, etc…).
Disparu dans des conditions mêlant concurrence commerciale avec l’empire islamique et sécheresses successives, ce royaume devient au 10ème siècle un empire mené – principalement – par la dynastie des Salomonide de 1270 à 1974. Le nom de cette dynastie capitale pour l’Histoire éthiopienne vient de leur filiation revendiquée avec Salomon, personnage biblique et roi d’Israël. Ces dates ne sont pas sans rappeler la chronologie propre à la dynastie européenne des Habsbourg mais la dynastie africaine ne repose pas exclusivement sur la succession familiale.
Cet empire est singulier par sa stabilité dans le temps et par sa résistance aux velléités de conquêtes arabes, turcs puis italiennes notamment. Ainsi, avec le Liberia, l’Ethiopie est le seul pays africain à rester indépendant au cours du partage de l’Afrique par les pays européens au 19ème siècle.
Deux personnages incarnent ce mélange d’indépendance et de curiosité : Menelik II (empereur d’éthiopie de 1889 à 1913) et Taytu Betul (impératrice durant la même période). Ce couple se trouve à l’origine de réformes économiques, politiques et sociales aboutissant à la création des premières écoles publiques et des hôpitaux ainsi que de la première ligne de chemin de fer.
Cette volonté de modernisation de l’empire n’est pas accomplie sans difficulté. En effet, l’Italie – par le traité de Wuchale de 1889 – entend soumettre l’Ethiopie. Ce qui devait être un accord de paix et d’amitié est en réalité une mise sous tutelle de l’empire éthiopien. En effet, dans la version amharique (langue éthiopienne) du texte l’Ethiopie est autorisée à utilise l’Italie pour la représenter diplomatique tandis que la version définitive du même texte impose que l’Ethiopie passe par l’Italie pour exister diplomatiquement.
Comprenant cette tromperie, Menelik II somme l’Italie de rectifier le texte et, face au refus italien, entre en conflit avec la puissance italienne. Le conflit devient une guerre ouverte et l’Italie prend pied en Ethiopie en 1895 mais est défaite en 1896 lors de la bataille d’Adoua qui voit l’Italie être écrasée par les forces locale. S’en suit le traité d’Addis Abeba qui abroge l’origine du conflit le 26 octobre 1896.
Ce conflit met en lumière l’impératrice Taytu Betul dont le rôle est capital dans la victoire face aux italiens. Malgré son absence de pouvoir théorique, l’empereur ne signait pas un document sans la consulter. Elle est décrite en ces mots par le médecin Paul Merab : « L’impératrice est forte intelligente, fort éveillée sur les choses de l’Europe, elle prend part à toutes les affaires du pays : les questions internationales l’intéressent au plus haut point. Elle a une vision intuitive et nette de la réalité des choses. »
Envie d’en savoir plus ?
Histoire de l’Ethiopie d’Axoum à la révolution de Berhanou Abebe
Histoire de l’Éthiopie – L’œuvre du temps de Paul B. Henze
Ethiopie par François Claerhout